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La quête

Au cœur de mes préoccupations de l’été, il y avait, donc, l’idée de trouver comment j’allais m’emparer, pour la III, 12, toujours elle, d’un accent de Bergerac, que Cyrano prétend retrouver pour retarder de Guiche sans être reconnu.

Je me doute que mes lettrés lecteurs savent que, contrairement au personnage de Rostand, le Cyrano historique n’a jamais été gascon mais bien parisien, Bergerac étant le nom d’une propriété familiale elle-même peu éloignée de la capitale. Il m’eût fort arrangé que notre héros s’emparât d’un bon vieil accent titi parigot qui m’est, lui, tout à fait familier. À la limite un accent provençal. J’en connais les contours, ayant vécu plusieurs années en Vaucluse. Mais gascon, oh, bonne mère, je me voyais pas rendu.

J’ai donc enquêté, écouté parler cadette de Gascogne ou tromblon du Béarn, révolutionnaire humaniste ou mousquetaire à tranche-lard voire frisée de Couvemaison et je crois, enfin, tenir une piste : il me semble que l’accent du sud-ouest détache un peu plus les sons, attaque un peu plus les consonnes, sans renoncer à faire chanter les accents toniques de la manière particulière qui m’est familière. Les nasales, aussi, me semblent moins détachées qu’en Provence. C’est là que je situe, pour l’instant, la nuance entre les influences ibériques et tansalpines des deux bouts de la langue d’oc[1].

Plus qu’à réussir à marquer ça avec souplesse dans la voix, comme si je savais parler de la sorte et rendre méconnaissable la voix de notre héros dès sa première réplique « masquée » :

De la lune

Ah oui, quand même, j’ai tout ça pour être méconnaissable ?! Bon, bon, bon, Ed, tu ne m’en feras jamais d’autres. On va peut-être compter un poil sur la bonne volonté du public, du coup, pour le démarrage de la scène…

Notes

[1] mais je suis ouvert à toute précision, suggestion, ressources en lignes pour compléter mon idée

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C’est parti !

Cette fois nous sommes lancés. Trois petites séances de calage des personnages secondaires cette semaine, histoire de poser quelques repères, préciser le regard que porte le metteur en scène sur la faune de Rostand.

Autrement dit, en ce qui concerne votre serviteur, le mode feignasse surmultiplié. Rien à faire[1]. Juste écouter, percevoir mes partenaires, deviner la future atmosphère…

Et, bien sûr, le texte. Que je malaxe et parcours le plus distraitement possible. Ne s’agirait pas que je m’embarque dans la lecture, dans le voyage des mots quand mes camarades esquissent des phrases et alors que le metteur en scène tente de préciser les caractères, de mettre un peu de chair autour pour les comédiens.

J’ai l’impression que je commence à réaliser[2] ce que veut dire jouer un type pareil pour moi. On parle ici d’un texte dont je ne peux pas lire une demi-page de l’acte V sans que mes yeux s’humectent. Et je vais devoir, moi, dire ces mots-là, passer, sans trembler[3] cette émotion qui me tient si solidement dans cette affaire-là[4].

Pfiou !

Un vrai défi. Un sacré gant… Un putain d’albatros à apprivoiser.

Mais du goût, de l’envie d’en découdre, de défendre cette fougue, belle comme de se croire en vie, bref, envie de donner du plaisir à des gens.

On reprend les répétitions le 1er juillet[5]. Je tenterai, à partir de là, de donner régulièrement des nouvelles.

À bientôt.

Notes

[1] je suis pas loin d’avoir l’impression que ce serait moi la vedette, c’est dire !

[2] et je sais que je n’ai pas fini

[3] c’est pas un tremblotteur, le Gascon

[4] il est possible que j’y revienne, si ma pudeur ne me retient pas

[5] dans une petite semaine, donc

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