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Projets en cours › Création Cyrano 2011

Ce petit rond ?…

(Acte IV, scène 4 )

Parmi les nombreux trucs « spéciaux » de ce spectacle, il y en a un qui est très nouveau pour moi. J’ai déjà dit ici que j’étais, disons, sensible à ce texte. Et il m’a été confirmé que je n’étais pas seul dans ce cas. Je réalise tout soudain que ce sera la première fois.

Sous mes airs austères de tragédien Shakespearien, en effet, j’ai jusqu’ici plutôt fait rire. Parfois touché, un peu. Mais je n’ai jamais dramaté, n’en déplaise à @matoo, et humidifier les yeux des gens est un truc que je me demande quel effet ça peut faire.

Un peu inquiétant, aussi. Si personne ne verse une goutte, on saura qu’on a raté notre coup. La terra incognita de ces yeux mouillés (et que je risque fort d’apercevoir) m’inquiète un peu, je l’avoue.

Il n’y a, bien sûr, pas que ça ! Un des grands plaisirs de cette œuvre-là étant de mêler hardiment bouffonnerie, souffle épique, drame, tragédie, romance…

Jeudi, je commence à mourir

Ah et puis je ne suis jamais mort en scène, non plus… mais déjà à l’écran… mais je vous dirai pas dans quoi[1]… et ça aussi, ça devrait être intéressant.

On a programmé ce jeudi une partie de l’Acte V, du moment, je crois, de l’arrivée de Cyrano, jusqu’au retour de Ragueneau et Le Bret. Tête à tête avec Roxane. Lire cette lettre… rien qu’à saisir ces mots, un frisson me traverse. On en reparlera, je pense.

À bientôt les aminches et… VIVE LE THÉÂTRE !

(ah ! ça fait du bien de crier un coup)

Note

[1] il y aura bien un lecteur facétieux pour aller à la pêche aux casseroles

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Alexandre, hein ?

RAGUENEAU, admiratif
Oui, le duel en vers !…

LISE
                            Il en a plein la bouche !
(…)

RAGUENEAU
                                     … Oh ! faire une ballade !
Acte II, scène 3

Ça fait un bon moment que je n’ai pas, sur scène, dit des vers. En fait ça a dû m’arriver une fois[1]. Dans le premier spectacle professionnel que j’ai joué – et l’alexandrin hugolien, c’est pas rien ! Ce texte-là depuis m’accompagne, je me le redis régulièrement pour voir ce qui m’en reste[2].

Le vers est donc pour moi un vieux compagnon, et je ne me sens pas encombré par les contraintes particulières que ça amène. Il faut dire qu’à la fac, une prof m’a révélé le grand secret : plus qu’un nombre-de-syllabes-par-ligne-avec-une-rime-à-la-fin, un vers est… un rythme ! La raison pour laquelle on a inventé ce truc-là, n’est pas de torturer des collégiens avec des diérèses improbables, mais de faciliter la mémorisation grâce au rappel de son et à une cadence régulière[3].

La difficulté particulière de ce truc-là, du coup, pour le comédien, c’est de placer l’interprétation dans la contrainte du rythme. Difficulté qui ferait marrer n’importe quel chanteur, mais il faut admettre que ce n’est pas tout à fait le même métier… Pour moi, obsédé textuel depuis toujours, je puise dans les mots, dans la phrase, et donc ici dans le phrasé du vers, l’énergie du personnage. Pour le formuler autrement, je ne fais pas rentrer le texte dans le sentiment, mais bien jaillir l’intention des mots. Je suis assez persuadé que c’est plus facile comme ça. L’expérience démontre que tout le monde ne marche pas comme moi. Étonnant, non ?

Ajoutons tout de même que Rostand ne facilite pas forcément la tâche des ses interprètes dans sa façon de tailler les vers en trois répliques. Ou en faisant rimer Hum ! avec Post-scriptum ! Facétieux, Edmond !

PS : je suis au bord de la frustration, là… j’ai des trucs que j’ai envie de partager et je trouve pas beaucoup de temps pour le faire ! La bonne nouvelle c’est que je devrai avoir du matos pour continuer à publier ici ^^ PPS : Vous avez tout de même échappé à Alexandrin, Alexandre, Ah ! comme titre ! :-D

Notes

[1] enfin, on a joué plusieurs fois, on l’a exploité pendant plus de deux ans, ce truc-là – et même repris 15 ans après (bon, là, c’est un peu tôt pour publier mes mémoires, mais il y aura un chapitre pour cette affaire-là)

[2] un jour que j’aurai cinq minutes, j’apprendrai les parties que je connais mal, tiens

[3] je ne doute que ces choses-là soient des évidences pour les plus lettrés de mes lecteurs, mais ça a allumé une lumière chez moi, à l’époque, et si ça peut profiter à quelqu’autre…

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Déjà le vif du sujet

II,6

Après les calages de personnages, mise en place des premiers bouts de scènes. Et là, au deuxième jour, la II, 6.

Pour ceux de mes lecteurs qui, mystérieusement, ignoreraient de quoi il s’agit c’est dans l’acte II, chez Ragueneau, le moment où Cyrano reçoit la visite attendue de Roxane, qui a demandé à le voir. Il a préparé sa lettre de déclaration d’amour et va apprendre… que Roxane aime, un homme qui sert dans la compagnie de Cyrano[1], le beau Christian. Les espoirs du Gascon s’effondrent donc d’un coup.

La scène est déterminante pour l’ensemble de l’histoire. Cyrano promet alors à Roxane de protéger Christian, ce qu’il fera jusqu’à l’absurde.

Rentrer là-dedans, sentir son cœur à soi, à ce moment devenu celui du personnage, se serrer d’entendre l’aimée dire Je vous aime bien, n’est pas entièrement anodin. Quelque chose meurt en lui à cet instant. Et derrière la tête du comédien, l’idée que je vais retrouver cette détresse-là à chaque représentation – faut-il être maso.

À l’arrêt de jeu (que je n’aurai pas en représentation) il y a un souffle à reprendre…

Tout attraper

L’occasion est belle de vouloir tout savoir quand on s’attaque à ce genre d’engin. Connaître toute l’œuvre de Rostand[2] et surtout, surtout, se documenter sur le personnage qui a inspiré une œuvre telle… qu’elle a totalement escamoté son modèle[3] !

Je me rappelle, il y a quelque temps, avoir feuilleté sur Gallica son Histoire comique des états et empires de la Lune et du Soleil. Je vous tiendrai au courant de mes picorages, si quelque chose de chouette en sort.

Mais au fait, je joue trois fois demain, moi !

Dodo. À tout bientôt.

Notes

[1] les cadets de Gascogne, donc

[2] bon, j’ai quand même dû voir deux Chantecler (sans compter Rock-o-rico) et je n’ai pas été emballé, mais ça ne doit pas m’empêcher de lire L’Aiglon, que personne n’ose plus jouer aujourd’hui.

[3] dont, par exemple, il ne paraît pas certain qu’il eut un nez si excessif

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C’est parti !

Cette fois nous sommes lancés. Trois petites séances de calage des personnages secondaires cette semaine, histoire de poser quelques repères, préciser le regard que porte le metteur en scène sur la faune de Rostand.

Autrement dit, en ce qui concerne votre serviteur, le mode feignasse surmultiplié. Rien à faire[1]. Juste écouter, percevoir mes partenaires, deviner la future atmosphère…

Et, bien sûr, le texte. Que je malaxe et parcours le plus distraitement possible. Ne s’agirait pas que je m’embarque dans la lecture, dans le voyage des mots quand mes camarades esquissent des phrases et alors que le metteur en scène tente de préciser les caractères, de mettre un peu de chair autour pour les comédiens.

J’ai l’impression que je commence à réaliser[2] ce que veut dire jouer un type pareil pour moi. On parle ici d’un texte dont je ne peux pas lire une demi-page de l’acte V sans que mes yeux s’humectent. Et je vais devoir, moi, dire ces mots-là, passer, sans trembler[3] cette émotion qui me tient si solidement dans cette affaire-là[4].

Pfiou !

Un vrai défi. Un sacré gant… Un putain d’albatros à apprivoiser.

Mais du goût, de l’envie d’en découdre, de défendre cette fougue, belle comme de se croire en vie, bref, envie de donner du plaisir à des gens.

On reprend les répétitions le 1er juillet[5]. Je tenterai, à partir de là, de donner régulièrement des nouvelles.

À bientôt.

Notes

[1] je suis pas loin d’avoir l’impression que ce serait moi la vedette, c’est dire !

[2] et je sais que je n’ai pas fini

[3] c’est pas un tremblotteur, le Gascon

[4] il est possible que j’y revienne, si ma pudeur ne me retient pas

[5] dans une petite semaine, donc

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